Ski Magazine 420 (Spécial Test)
La saison des prophéties (méfiez vous des imitations)
chaque année les clans se forment et les esprits s'échauffent alors que les premières feuilles tombent et que les rayons des hypermarchés se sont vidés de leurs fournitures scolaires pour se remplir de pneu neige et autre provisions pour l'hiver. C'est que depuis la nuit des temps et la première colonisation de cavernes opportunes, l'homme anticipe l'hiver, le craint, et le prédit, aussi. Si la fameuse méthode dite «des pelures d'oignons» (plus l'oignon récolté a de couches de peau, plus l'hiver sera rude) a fait ses preuves et demeure l'argument scientifique le plus incontestable, de nombreux apprentis sorciers et autres météorologues se targuent de prévoir l'avenir, parfois à plus de 24h, et donnent des prévisions sur le temps qu'il fera. Mais quand on a déjà parfois du mal à s'assurer du temps qu'il fait, voir du temps qu'il a fait (les opinions divergent sur le dernier week-end à Deauville), comment ne pas rester dubitatif devant les annonces d'un nouvel hiver exceptionnel ?
Il n'est plus crédule que celui qui
veut croire, et aucun skieur ne prendrait à la légère la prophétie
d'un hiver neigeux, précoce, et froid. Mais on nous a déjà fait le
coup, on nous le fait même tous les ans, alors pourquoi tombons nous
toujours dans le panneau ? Peut être parce que, malgré notre
éducation cartésienne et notre cynisme de double millénaristes, on
reste au fond des enfants naifs, des amateurs de magie, d'ordinateurs
intelligents et de futur prévisible, voire malléable. Et puis qui
sait, si on est assez à y croire, les cieux ne pourront ils pas
faire autrement que de céder ? La nouvelle religion n'a pas
d'autre dieu que ceux qu'elle se crée opportunément à chaque
occasion, mais ce qui est sûr c'est que comme l'homme blanc qui
rentre du bois annonce l'hiver, mieux vaut s'assurer, on ne sait
jamais, d'avoir le bon matos avant que la saison ne nous assène son
habituel froid, son habituelle neige, ses habituelles journées de
ski. Car ce qui est sûr, c'est que, chers lecteurs, réjouissez
vous, on va vers l'hiver.
--Mathieu Ros